Les 33 ans de recherche et de conservation des chimpanzés en Côte d'Ivoire
Du 05 au 13 Octobre 2012 – Abidjan, Côte d’Ivoire
En 1976, après avoir lu des rapports sur le comportement peu connu de cassage des noix chez les chimpanzés sauvages et sans aucun témoin oculaire pour le prouver, Professeur Christophe Boesch et sa femme Hedwige Boesch ont entamé leur première expédition dans la forêt de Taï en Côte d’Ivoire. Cette aventure avait été proposée par Professeur François Bourlière, récemment défunt. De plus, Professeur Hans Kummer et Professeur André Aeschlimann avaient alors assuré un important support pour les activités, qui allaient devenir en fait une étude à long terme. Tous les trois étaient très enthousiasmés par cette idée et avaient alors fourni des encouragements inestimables.
Heureusement, peu de temps a été nécessaire à Christophe et Hedwige avant qu’ils n’observent un chimpanzé cassant des noix à l’aide d’une pierre au sein du Parc National de Taï. De plus, lorsque Christophe a pu observer un groupe de chimpanzés capturant un colobe rouge, il s’est rendu compte de l’immense potentiel de commencer un projet de longue durée sur les chimpanzés de Taï. La valeur d’un tel projet a été renforcée par le fait qu’aucune recherche sur les chimpanzés avait été réalisée jusque là dans un habitat de forêt tropicale dense et humide.
Au cours des 33 dernières années, le Taï Chimpanzee Project (TCP) n’a jamais cessé de mener ses recherches. Même pendant la crise politique qui a débuté en 2002 en Côte d’Ivoire, alors que plusieurs autres projets nationaux et internationaux ont cessé leurs activités, le TCP s’est poursuivi avec l’observation quotidienne des chimpanzés et la collecte des données. La survie du projet durant ces périodes difficiles a été possible uniquement grâce au dévouement des étudiants en recherche et des assistants locaux.
Après des décennies de recherches sur les chimpanzés sauvages de la forêt de Taï et face au déclin marqué des populations de chimpanzés en Afrique, menacées par la déforestation et le braconnage, Professeur Boesch a créé en 2000 la Wild Chimpanzee Foundation (WCF - Fondation pour les Chimpanzés Sauvages). En Afrique, le nombre de chimpanzés a diminué de plus de 70% au cours des 30 dernières années, passant de 600 000 à moins de 200 000 individus. Le chimpanzé d’Afrique occidentale, Pan troglodytes verus, est l’une des deux sous-espèces de chimpanzés les plus menacées. En Côte d’Ivoire par exemple, les informations fournies par le dernier recensement révélaient une inquiétante baisse de 86% à 99% du nombre de chimpanzés, au cours des 17 dernières années.
L’objectif de la WCF est de protéger les derniers chimpanzés sauvages vivant en Afrique, avec une attention particulière dirigée vers les populations en déclin en Afrique occidentale. Les activités se fondent sur la philosophie "Conservation-Éducation-Recherche" et soulignent l’implication des populations humaines locales qui vivent à proximité des sites protégés par les efforts de conservation. Des projets écoliers en Europe et en Afrique de l’Ouest sont également inclus. Le «Programme Panafricain de suivi », mis en place récemment, a pour objectif d’assurer la survie à long terme de cette espèce à travers son habitat forestier tropical.
La célébration des 33 ans du Taï Chimpanzee Project (TCP) offre une excellente opportunité de souligner l’importance de cet héritage naturel précieux pour les Ivoiriens, de présenter la recherche menée par le TCP pendant les 33 dernières années et de sensibiliser le public quant au besoin urgent de promouvoir la conservation des chimpanzés et de leur habitat en Côte d’Ivoire.